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Naples romaine

Le repli économique et l'essor du mythe grec

pouzzoles-macellum-161.jpgVaincue par les Romains, Naples est restée libre et s'est développée, bénéficiant de son statut de ville alliée. Rome voit à ses portes une Campanie prospère, à la position stratégique : c'est donc naturellement que sa présence et son influence s'intensifient peu à peu dans la région, en particulier dans les champs phlégréens où s'installe en 194 av. J.-C une colonie romaine à Pouzzoles dont le port devient rapidement le second d'Italie après Ostie et n'est pas frappé des taxes douanières dont doivent s'acquitter les cités libres.

La flotte militaire impériale s'installe à son tour dans la baie de Pouzzoles : Agrippa, général et homme politique romain sous l'empereur Auguste, confie un grand projet en 37 av. J.-C. à l'architecte Lucius Cocceius Auctus afin de créer un vaste complexe portuaire. Ce sera Portus Julius, s'étendant grâce à des canaux jusqu'aux lacs Lucrin et d'Averne, et connecté au port de Cumes par deux souterrains : la grotte de Cocceius - grotta di Cocceio en italien - entre le lac d'Averne et Cumes, et la crypta romana, entre le forum et le port de Cumes. En raison de son ensablement, Portus Julius est remplacé en 12 av. J.-C par le port militaire de Misène, qui donne son nom à la flotte impériale chargée de défendre la Méditerranée occidentale, la Classis Misenensis.

vesuve-mer-50.jpgLes champs phlégréens connaissent donc un remarquable essor urbain, encore visible aujourd'hui dans les œuvres urbaines et d'ingénierie que les Romains nous ont laissées : cité balnéaire de Baia, aqueducs et réservoirs dont la fameuse Piscina Mirabilis, liaisons souterraines de la Crypta Neapolitana et de la grotte de Séjan entre Naples à Pouzzoles... Et Naples souffre de cette concurrence régionale, d'autant plus qu'elle a choisi le parti de Marius, vaincu par Sylla lors la guerre civile qui opposa leurs partisans au début du 1ersiècle av. J.-C. Cet affaiblissement économique et les suites de la guerre civile contribuent à l'émergence d'une période d'instabilité foncière. Les riches notables romains en tirent profit en acquérant des propriétés dans le golfe de Naples et sur les pentes du Vésuve, où, retirés de la vie publique, ils peuvent mener une vie raffinée, dans le luxe et l'oisiveté. Leur fascination pour la culture grecque qu'ils découvrent dans la région va se traduire par un hellénisme mythifié : conquise militairement, Naples va cette fois gagner sur le terrain culturel.

Rome à l'heure du mythe grec

baia-vue-generale-173.jpgLes riches romains vont créer en Campanie un mode de vie artificiel et imaginaire, qualifié de grec, basé sur la notion de l'« otium » (ce concept complexe est souvent mal traduit en « oisiveté », alors qu'il s'agit de mettre à profit utilement son temps libre) : on abandonne son habit public pour accorder une place importante à la sensualité et au plaisir, comme en témoignent les pratiques culinaires (vins réputés de Falerne, développement des viviers...), le goût des spectacles, ou encore la réputation sulfureuse de la cité balnéaire de Baia. La Campanie devient également une terre d'esprit et de culture : Virgile y séjourne et travaille à ses œuvres ; une école épicurienne s'y développe, autour de la figure centrale de Philodème de Gadara, dont des manuscrits ont été retrouvés dans la célèbre villa des papyrus à Herculanum.

villa-de-pausilypon-theatre-303.jpgDe somptueuses constructions façonnent le paysage, au premier lieu desquelles les « villas maritimes », se déployant en terrasses sur la mer et adossées à un domaine agricole : celles de Pausilypon sur le Pausilippe et de Lucullus sur l'île de l'actuel Castel dell'Ovo à Naples, de Poppée proche du Vésuve, de Iovis à Capri, en sont les exemples les plus connus. Le mode de vie adopté par les romains en Campanie nous est aujourd'hui accessible à travers les sites archéologiques de Pompei, Herculanum, Stabies.

sculpture-romaine-agrippine-285.jpgCette magnificence ne laisse pas le pouvoir indifférent : à partir d'Auguste, les Empereurs romains et leur famille marquent également la région de leur empreinte. Tibère passe la fin de son règne à Capri, isolé, où il fait construire de nombreuses villas ; pour imiter Xerses franchissant l'Hellespont, Caligula fait jeter un pont de bateaux entre Baia et Pouzzoles ; Néron séjourne souvent dans la région, chante dans les théâtres de Naples, épouse Poppée dont la famille est d'origine pompéienne, et fait assassiner sa mère Agrippine à Baia.

79 apr. J.-C. : la fin d'une époque

pompei-corps-351.jpgCette situation va brutalement prendre fin au 1er siècle apr. J.-C. Après un violent tremblement de terre en 62 apr. J.-C. qui cause d'importants dégâts, le Vésuve se réveille en 79 apr. J.-C. : cette éruption, particulièrement violente (le sommet du volcan explosant littéralement), recouvre les cités romaines voisines d'une épaisse couche de cendres, matériels pyroclastiques, boues... Cette catastrophe nous est bien connue, à la fois grâce aux exceptionnels sites archéologiques retrouvés depuis (Pompei, Herculanum, Stabies, la villa de Poppée...), mais aussi grâce au témoignage de Pline le Jeune rapporté dans deux lettres adressées à l'historien Tacite - dans lesquelles il parle également de la disparition de son oncle, le célèbre naturaliste Pline l'Ancien.

san-giovanni-in-fonte-mosaiques-648.jpgMême s'il est avéré que la vie ne s'arrêta pas et que des reconstructions eurent lieu dans la région, cet événement n'en marque pas moins la fin d'une époque. Une nouvelle ère va s'ouvrir pour la ville, marquée par l'affaiblissement progressif de l'empire romain, auquel se substituent de nouvelles structures. Le christianisme naissant va bientôt se développer au grand jour, suite à l'édit de Milan promulgué en 313 par Constantin et accordant la liberté de culte : les édifications chrétiennes se multiplient alors, telles celles du baptistère de San Giovanni in Fonte (4ème siècle) ou des églises basilicales de San Giovanni Maggiore (324) et des Santi Apostoli (468).

castel-dellovo-lungomare-38.jpgParallèlement, les mouvements de population liés aux « invasions barbares » renforcent la position militaire de la ville : au milieu du 5ème siècle, l'empereur d'Occident Valentinien III en fait renforcer et étendre les remparts vers le Sud-Ouest, et fortifie l'ancienne villa de Lucullus sur l'îlot de Megaride - qui devient désignée par le nom de Castrum Lucullanum, préfigurant l'actuel Castel dell'Ovo. Refuge pour les populations qui fuient l'insécurité des provinces de l'empire, Naples accueille tant des exilés en provenance des campagnes alentours que de la plus lointaine Afrique, où l'installation entre 429 et 439 des Vandales - de confession arienne - et les persécutions qui s'ensuivent poussent de nombreux habitants au départ, notamment vers l'Italie du Sud (tel San Gaudioso, évêque d'Abitène dans l'actuelle Tunisie).

Naples se rappellera une dernière fois à l'histoire de Rome quand le Castrum Lucullanum accueillera le dernier empereur romain d'Occident en exil, Romulus Augustule, après sa déposition par Odoacre, roi des Hérules, en 476 apr. J.-C.

A cette date, la chute de l'empire romain laisse la place à une mosaïque de peuples et de pouvoirs, où deux grandes forces, les Barbares et Byzance - l'ex-empire romain d'Orient -, vont s'affronter et déterminer le destin de Naples.

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