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L'adduction d'eau : aqueducs et réservoirs de Naples

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Dès les premiers siècles qui suivirent sa fondation, Naples disposa d'un système d'adduction d'eau, qui se développa et s'étendit au fil des âges. Pourtant, il ne reste finalement aujourd'hui que peu de traces des grands ouvrages qui furent construits, si ce n'est au niveau de l'extraordinaire sous-sol de Naples.

Les citernes du sous-sol napolitain

adduction-deau-aqueducs-825.jpgPeu après la fondation de Neapolis au 5ème siècle av. J.-C., sur l'emplacement de l'actuel centre historique, les Grecs commencèrent à creuser le sous-sol de tuf de leur nouvelle colonie pour en extraire le matériau nécessaire à leurs constructions (tels les remparts de la cité). Rapidement, les cavités furent utilisées en tant que citernes pour le stockage de l'eau, alimentées notamment par les eaux de ruissellement, et peut-être par des sources et cours d'eau comme la rivière du Sebeto, aujourd'hui disparue.

Tributaire de la pluie et inadapté à l'alimentation des quartiers les plus élevés de la ville, ce système montra bientôt ses limites. Aussi lui fut-il adjoint un réseau d'aqueducs amenant l'eau depuis les zones plus montagneuses de l'arrière-pays napolitain : trois ouvrages furent construits et développés progressivement au cours des siècles - les aqueducs de la Bolla, de Serino et de Carmignano -, qui se ramifièrent fortement en mêlant leurs branches et leurs eaux.

naples-souterraine-entailles-pozzaro-824.jpgLes cavités souterraines continuèrent à assurer leur rôle de citernes, alimentées désormais par les eaux des aqueducs. L'eau y était prélevée grâce à des puits - près de 5000 sur toute la ville -, dont la plupart ouvrait directement dans les cours des palazzi. Mais pour cela, point de corde ni de seau : un professionnel, appelé « pozzaro » (de l'italien pozzo, signifiant « puits ») descendait dans le puits grâce à des entailles creusées à même la roche, parcourait le réseau souterrain, et ramenait l'eau à la surface.

Ce ne sera qu'à la fin du 19ème siècle qu'un réseau d'eau sous pression fut créé pour se substituer à ce système historique, dont l'utilisation avait été remise en question suite à la grande épidémie de choléra de 1884 : la porosité du tuf favorisait en effet la propagation des pollutions et des maladies. Certaines parties de ce réseau souterrain sont accessibles, notamment lors de la visite de Napoli sotterranea.

L'aqueduc de la Bolla

Développé et ramifié au cours des siècles, l'aqueduc de la Bolla fut pendant sans doute deux millénaires la principale source d'approvisionnement de Naples en eau potable. Il reste toutefois mal connu et documenté, certains faisant remonter son origine aux Grecs, d'autres aux Romains, les derniers au Moyen-âge.

naples-souterraine-citerne-589.jpgToujours est-il que l'eau était acheminée par voie souterraine depuis les flancs du Monte Somma - sommet faisant partie du complexe volcanique du Vésuve -, en traversant la plaine dite de la Bolla (parfois Volla ou Polla) car l'eau y surgissait comme en ébullition (bollare en italien). A une dizaine de kilomètres au Nord-Ouest de Naples, elle atteignait bientôt le site où fut construit au 16ème siècle la Casa dell'Acqua (parfois Casa della Bolla), sur la rue qui porte son nom dans l'actuelle commune de Casalnuovo.

L'ouvrage hydraulique de la Casa dell'Aqua jouait le rôle de partiteur entre :

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  • à l'Est, un canal à découvert, empruntant le lit d'une rivière disparue (peut-être le fameux Sebeto) et se jetant dans la mer au niveau du Pont de la Maddalena - aujourd'hui invisible dans le tissu urbain, mais rappelé par la rue qui porte son nom : chemin faisant, l'eau alimentait des moulins à farine ;
  • à l'Ouest, un canal enterré amenant l'eau à la ville de Naples en entrant intra-moenia au niveau de la Porta Capuana : c'est ce tronçon qui, en se ramifiant pour irriguer le sous-sol de l'actuel centre historique, alimentait les cavités-citernes.

L'aqueduc romain de Serino (Aqua Augusta)

Histoire de l'aqueduc de Serino

aqueduc-romain-trace-588.jpgLe développement de la Campanie romaine imposa d'en prévoir l'alimentation en eau et conduisit l'empereur Auguste à construire un grand aqueduc à la fin du 1er siècle av. J.-C depuis le Mont Terminio, situé dans la chaîne des Monts Picentini des Appenins. Il captait l'eau des sources d'Acquaro-Pelosi sur la commune de Serino à une soixantaine de kilomètre à l'Est de Naples, puis alimentait les cités de Nola, Pompei, Acerra, Ercolano, Atella, Napoli, Pouzzoles, Baia, Cumes, avant d'arriver à la fameuse Piscina Mirabilis et au port militaire de Misène.

piscina-mirabilis-interieur-552.jpgConnu sous le nom d'aqueduc de Serino ou d'Aqua Augusta (aqueduc d'Auguste), c'était l'un des plus importants aqueducs de l'empire Romain, avec un tronçon principal de 96 kilomètres et un total de 140 en comptabilisant les branches secondaires. Mais c'est sans doute cette longueur et ses multiples fonctions (alimentations de différentes cités ainsi que du port militaire de Misène), contrairement à l'aqueduc de la Bolla qui était entièrement dévolu à l'alimentation de Naples, qui conduisirent à son abandon au 6ème siècle, peu après la chute de l'Empire romain.

L'aqueduc de Serino à Naples

aqueduc-romain-ponti-rossi-822.jpgSur son trajet, l'ouvrage passait à proximité de la cité de Neapolis, dans la zone dite des Ponti Rossi entre Capodimonte et Capodichino, où les ruines de l'aqueduc sont encore visibles (c'est le seul tronçon de pont-canal encore debout aujourd'hui). De là, le tronçon principal poursuivait en direction de Pouzzoles, en traversant la Crypta Neapolitana par une galerie existant toujours, et alimentait au passage par des branches secondaires les villas, fontaines et citernes des zones habitées  : le centre de Neapolis en passant l'enceinte au niveau de l'ancienne Porte de Constantinopoli (proche de San Pietro a Majella), le Pausilippe et l'ilot de Nisida avec leurs villas sur la mer.

Aqueduc de Claude ou aqueduc d'Auguste ?

aqueduc-romain-epigrafe-826.jpgPendant longtemps, il fut admis que l'aqueduc avait été construit au 1er siècle apr. J.-C. sous l'empereur Claude, des inscriptions à son nom figurant sur des tuyaux en plomb de l'aqueduc à Pouzzoles. L'ouvrage fut donc couramment désigné sous le nom d'aqueduc de Claude - portant confusion avec l'aqueduc du même nom alimentant Rome - jusqu'à la découverte en 1938 d'une stèle de marbre près des sources d'Acquaro-Pelosi : érigée en commémoration des réparations de l'aqueduc réalisées sous l'empereur Constantin en 324, elle stipule explicitement que l'ouvrage a été construit sous Auguste.

L'aqueduc de Carmignano

Histoire de l'aqueduc de Carmignano

Sous la domination espagnole, Naples, capitale d'un royaume, connut un fort développement qui reposa la question de son alimentation en eau : l'aqueduc de la Bolla s'avérait insuffisant, notamment pour l'alimentation des quartiers élevés où l'urbanisation s'étendait. Après avoir envisagé dès le 16ème siècle la rénovation de l'aqueduc romain de Serino, le choix de la ville se porta finalement en 1627 sur le projet du patricien napolitain Cesare Carmignano et de l'ingénieur Alessandro Ciminello, consistant à capter l'eau de la rivière Faenza, alimentée en particulier par les sources du Fizzo descendant du Mont Taburno.

tunnel-borbonico-entree-592.jpgL'ouvrage fut mis en service en 1629 depuis Sant'Agat dei Goti, une quarantaine de kilomètres au Nord - Nord-Ouest de Naples, et désigné sous le nom d'aqueduc de Carmignano. Son financement fut partagé entre ses concepteurs et la ville, et devait être compensé par l'activité des moulins et machines qu'il alimentait sur son passage. Mais l'éruption du Vésuve de 1631 ruina bientôt l'ouvrage, qui fut reconstruit selon un nouveau tracé passant par la commune d'Acerra, plus éloignée du volcan

L'aqueduc de Carmignano alimentait notamment le périmètre intra-moenia de Naples, mêlant en certains points ses eaux à celles de la Bolla, et desservant certains quartiers mal irrigués. C'était notamment le cas de la colline de Pizzofalcone, où des restes de l'ouvrage sont aujourd'hui visibles lors de la visite du Tunnel Borbonico.

L'adjonction de l'aqueduc Carolino

aqueduc-carolino-trace-827.jpgEn 1753, le roi Charles III lança la construction d'un aqueduc pour alimenter le complexe de San Leucio, Caserte et la grande cascade de la Reggia, et le domaine royal de Carditello. L'ouvrage, qui prit le nom d'aqueduc Carolino, est considéré comme l'une des plus grandes œuvres de l'ingénierie du 18ème siècle, et est classé à ce titre au patrimoine mondial de l'humanité.

Toutefois, en dérivant directement l'eau des sources du Fizzo, le nouvel aqueduc mettait en péril le fonctionnement de l'aqueduc de Carmignano. Pour cette raison, le roi Ferdinand IV, successeur de Charles III, prit la décision de renvoyer l'eau depuis la Reggia de Caserta vers l'aqueduc de Carmignano. Un nouveau tronçon, dit de San Benedetto, fut construit par Luigi Vanvitelli et son fils pour cela : l'eau put ainsi retourner dans l'aqueduc de Carmignano au niveau de la commune de Maddaloni.

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