Les catacombes des premiers Chrétiens
Jusqu'au 17ème siècle, le quartier de la Sanità, où se trouvent les catacombes de San Gaudioso, est situé hors des murs de Naples, au nord. Dès l'époque grecque, cette zone est utilisée à des fins funéraires, comme en témoignent les vestiges d'hypogées (tombes souterraines) d'époque grecque retrouvées récemment dans le sous-sol d'un bâtiment (voir le site www.celanapoli.it).
A partir du 4ème siècle, les Chrétiens viennent inhumer sur place leurs morts, dans des grottes creusées dans la colline de tuf et transformées en catacombes. Au 5ème siècle, celles-ci accueillent la sépulture de San Gaudioso, mort vers 452 : cet évêque d'Abitène dans l'actuelle Tunisie, exilé à Naples en 439 après avoir fui les persécutions des Vandales de confession arienne, donnera son nom au lieu.
Les tombes de cette période sont aujourd'hui visibles dans les catacombes, qu'il s'agisse de monuments décorés ou de simples espaces ménagés dans la roche. Ainsi, celle de San Gaudioso, dont la dépouille fut par la suite ramenée dans les murs de Naples, possède encore une partie de son décor de mosaïques. Celle de Pascentius montre sur une fresque le défunt aux côtés des saints Pierre et Paul.
Redécouverte et réutilisation par les Dominicains
Durant le 1er millénaire de notre ère, les catacombes disparaissent, ensevelies par l'une des coulées de boue fréquentes dans cette zone de Naples (phénomène appelé Lava dei Vergini). Elles ne sont remises à jour qu'au 17ème siècle, suite à la découverte d'une représentation miraculeuse de la Vierge datant du 5ème ou 6ème siècle (pour en savoir plus, voir l'article sur Santa Maria della Sanità). Les Dominicains, dont dépend l'église de Santa Maria della Sanità, les réutilisent alors : l'accès se fait par la crypte située sous l'autel de l'église.
Les « scolatoi »
A cette époque, les corps à inhumer sont, par mesure d'hygiène, préalablement asséchés dans des espaces dédiés, appelés « scolatoi » (de scolare, drainer en français) ou parfois « cantarelle » à Naples : ces petites niches maintiennent les corps en position assise grâce à un enfoncement soutenant leur nuque, et recueillent à leur base les fluides corporels qui s'écoulent. Ce traitement, étonnant pour le spectateur moderne, n'en est pas moins fort prisé à l'époque : on paie même très cher pour y avoir droit.
Le couloir des fresques à ossements
Une fois secs, les corps rejoignent un ossuaire, organisé autour d'un couloir décoré de fresques incrustées d'ossements humains, chacune illustrant la vie de personnages remarquables inhumés ici (tel le peintre Giovanni Balducci, dont le crâne est visible sur l'une des fresques et qui réalisa une œuvre dans les catacombes pour payer sa tombe). Vraisemblablement exposées à certaines occasions à des visiteurs, la portée symbolique de ces représentations apparait double : montrer la voie à suivre dans le monde des vivants, tout en rappelant le terme inéluctable de toute vie, quelle que soit la condition que l'on occupe.
Au bout du couloir, une fresque dont le décor a disparu se distingue des autres : figurant un corps complet mais difforme (comptez les vertèbres !), elle est composée d'ossements d'origines diverses. On imagine actuellement qu'il s'agissait d'un gardien symbolique, chargé de veiller sur ce couloir des morts.
L'église souterraine des Dominicains
Une église souterraine se trouve à l'extrémité des catacombes. Les Dominicains y étaient inhumés : les niches dans les murs accueillaient en décoration les crânes des défunts, tandis que leurs corps étaient déposés dans les tombes sous le sol.
A l'heure de la messe, sous le regard de toutes ces orbites vides, l'atmosphère devait être bien particulière pour les religieux : c'est un témoignage saisissant de la relation particulière des hommes de cette époque avec la mort, cette dernière s'entremêlant directement avec la vie dans la culture napolitaine.
La visite : aspects pratiques
L'accès aux catacombes de San Gaudioso se fait par l'intérieur de Santa Maria della Sanità : la billetterie est installée dans l'église, à gauche du chœur. La visite est obligatoirement guidée, en différentes langues selon l'affluence, et réalisée par l'association de quartier qui gère le site.
Pour en savoir plus : voir l'article sur Santa Maria della Sanità et le site www.catacombedinapoli.it.
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