Naples fut entourée de fortifications à toutes les époques : grecque, romaine, byzantine, ducale, normande, angevine, aragonaise, espagnole... A chaque fois, des portes donnaient accès à la ville, dont certaines, d'importance, sont encore visibles de nos jours.
Les portes aragonaises
Deux portes massives sont aujourd'hui encore visibles à l'Est du centre historique, restes de fortifications érigées à la fin du 15ème siècle par la dynastie aragonaise.
La Porta Nolana
La Porta Nolana, au sud de la piazza Garibaldi, doit son nom à la ville de Nola, à 25 km au Nord-Est de Naples, sur la route de laquelle la porte était située.
Œuvre de Giuliano di Maiano, elle fut érigée au 15ème siècle en remplacement d'une autre porte plus ancienne, dite de Forcella, du nom du quartier auquel elle donnait accès.
La porte est constituée d'un arc flanqué de deux tours massives, dites de la Foi au Sud et de l'Espérance au nord.
La porte affiche encore quelques décorations. Les plus notables figurent sur sa façade extérieure, à l'Est : un bas relief du 15ème siècle représente le roi et commissionnaire de l'édifice Ferrante d'Aragon ; en-dessous, un écusson est orné notamment des armes des familles d'Aragon et d'Anjou, et est encadré par deux autres écussons aux armes effacées. Sa façade Ouest n'est décorée que par un buste de San Gaetano datant du 17ème siècle, logé dans une niche en hauteur.
La Porta Capuana
Située en bas de la via Carbonara, derrière le Castel Capuano et directement à côté de Santa Caterina a Forniello, la Porta Capuana a été contruite vers 1484. Il est souvent dit que son nom provient de la ville de Capoue, car elle se situe sur la route antique menant à cette ville ; mais cela peut toutefois sembler étrange, étant donné que Capoue est située au Nord-Ouest de Naples, soit à l'opposé de la porte.
Une autre version attribue son nom à la puissante famille patricienne des Capuano, qui résidait dans ce secteur, et qui aurait juré de défendre la porte à l'époque de sa construction.
Comme la Porta Nolana, elle est l'œuvre de Giuliano di Maiano et se compose d'un arc de triomphe encadré par deux tours massives : l'Honneur et la Vertu. L'arc de triomphe, de style Renaissance, a vu sa décoration modifiée sous la vice-royauté espagnole : ainsi, le blason de Charles Quint a pris place au milieu de la structure, à la place d'un bas-relief représentant le roi Ferrante d'Aragon.
La porte fut modifiée au cours des siècles, notamment après la peste de 1656 où une niche décorée d'une fresque lui fut superposée. Des restaurations dans les années 1930 lui ont redonné son aspect initial.
Les portes espagnoles
Entrée sous domination espagnole et gouverné par un vice-roi, Naples voit ses fortifications et ses portes modifiées une nouvelle fois aux 16ème et 17ème siècles.
La Porta San Gennaro
La Porta San Gennaro est la plus ancienne porte de Naples, et l'unique accès à la ville par le Nord jusqu'au 16ème siècle.
Documentée dès l'époque ducale au 10ème siècle, elle tire son nom de la route où elle est située, qui conduit aux catacombes de San Gennaro.
Reconstruite plusieurs fois, sa situation actuelle date de 1537, sous la domination espagnole : dans son entreprise d'élargissement de la ville, le vice-roi Don Pedro de Toledo déplaça la porte aragonaise, dont la forme était similaire à celles des Porta Capuana et Porta Nolana, située alors une centaine de mètre plus au sud sur la même route. Plus tard, peu après la peste de 1656, la porte fut décorée d'une fresque en ex-voto de Mattia Preti, encore visible aujourd'hui, et d'un buste de San Gaetano.
La Port'Alba
La Port'Alba a été érigée en 1625 en perçant les anciennes fortifications angevines sur l'emplacement d'une ancienne tour, afin de faciliter la circulation de la population.
Commanditée par le vice-roi espagnol Don Antonio Álvarez de Toledo, duc d'Albe - auquel elle doit son nom -, elle fut décorée de trois écussons, l'un de Philippe III, l'autre de la ville de Naples, et le dernier du vice-roi.
Décorée après la peste de 1656 comme toutes les portes de Naples, et surmontée d'une statue de San Gaetano, des travaux datant de 1797 sous la royauté bourbonne lui ont donné sa forme actuelle.
Les décorations de Mattia Preti
Toutes les portes de Naples furent décorées entre 1657 et 1659 par le peintre calabrais Mattia Preti : ses fresques représentaient la Vierge et les principaux saints protecteurs qui intervinrent lors de l'épidémie de peste de 1656 ; seule celle de la Porta San Gennaro a survécu à l'épreuve du temps et de la reconstruction de la ville sur elle-même.
Le maître calabrais aurait travaillé gratuitement, pour payer une dette : arrivé à Naples en pleine épidémie de peste, l'entrée de la ville lui aurait été interdite par les gardes en faction à la Porta Capuana ; une escarmouche se déclencha, pendant laquelle l'artiste aurait tué un garde. Condamné à mort, il aurait été gracié en contrepartie du travail de décoration qu'il honora les années suivantes.
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