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Alexandre Dumas

Alexandre Dumas Général Dumas

Dumas à Naples

alexandre-dumas-1071.jpgLe grand romancier Alexandre Dumas (24 juillet 1802 - 5 décembre 1870) est certes français, mais ne peut être oublié lorsque l'on évoque la littérature sur Naples. Il séjourna à plusieurs reprises dans la ville : lors de son voyage en Italie du Sud en 1835, il découvrit Naples à deux occasions (du 2 au 23 août, puis du 6 au 24 novembre) ; puis il y séjourna par intermittence entre septembre 1860 et mars 1864 : Garibaldi, qui venait de conquérir l'Italie du Sud, le récompensa de son fervent soutien en lui offrant une sinécure, en tant que directeur des musées et des fouilles à Naples. Ces séjours furent à l'origine de son profond attachement pour Naples, transcrite dans une importante production littéraire et journalistique.

Les livres napolitains de Dumas

De son premier séjour en 1835, Dumas tira quelques années plus tard le truculent Corricolo (1843), récit de voyage qui est l'occasion de digressions et anecdotes qui en font la meilleure introduction au monde napolitain pour un lecteur français.

Son second séjour fut l'occasion d'une intense activité littéraire : éditeur de journal (il crée l'Independente en octobre 1860), il écrit abondamment, en particulier sur le personnage de Lady Hamilton avec Souvenirs d'une Favorite,general-dumas-1072.jpg et sur la République parthénopéenne de 1799 dans I Borboni de Napoli (publié en italien mais traduit récemment en français chez Fayard sous le titre Les Deux Révolutions) et la La San Felice.

Dans ce dernier roman, qui revêtit une importance particulière à ses yeux, il règla ses comptes avec la monarchie bourbonne de Naples, responsable à ses yeux de la mort de son père, le général Dumas : ce dernier passa en effet dix-huit mois dans les prisons du Royaume de Naples entre 1799 et 1800, puis mourut en 1806 d’un cancer de l’estomac, sans doute lié au traitement qu’on lui fit subir lors de son incarcération.

Un Napolitain de cœur

Dumas fit si bien pour leur ville que les Napolitains ne l'ont pas oublié : la via Alessandro Dumas, jouxtant le lungomare en face du Castel dell'Ovo, rappelle son séjour en ces lieux dans les années 1860 au palazzo Chiatamone, aujourd'hui disparu. Laissons-le pour finir nous parler lui-même de Naples : cette citation extraite du chapitre 43 du Corricolo vaut mieux qu'un long discours, illustrant combien Dumas (bien plus qu'un Stendhal, trop souvent associé à Naples) sut comprendre la ville et ses habitants.

« C'en était fait, je devais quitter Naples. Le rêve était fini, la vision allait s'envoler dans les cieux. Je vous avoue, mes chers lecteurs, que, lorsque je vis disparaître Capo-di-Chino à ma gauche et le Champ-de-Mars à ma droite, lorsque, étendu sur les coussins de ma voiture, je me mis à songer tristement que, selon toutes les probabilités humaines, et grâce surtout à la bienveillante protection du marquis de Soval et à la justice éclairée du roi Ferdinand, je ne verrais plus ces merveilles, mon coeur se serra par un sentiment d'angoisse indéfinissable, des larmes me vinrent aux bords des paupières, et je me rappelai malgré moi le mélancolique proverbe italien : « Voir Naples et mourir ! »
En m'éloignant de ce pays enchanté, j'éprouvais donc quelque chose de semblable à ce qui doit se passer dans l'âme de l'exilé disant un dernier adieu à sa patrie. Oui, je m'étais épris de tendresse, de sympathie et de pitié pour cette terre étrangère que Dieu, dans sa prédilection jalouse, a comblée de ses bienfaits et de ses richesses ; pour cette oisive et nonchalante favorite dont la vie entière est une fête, dont la seule préoccupation est le bonheur ; pour cette ingrate et voluptueuse sirène qui s'endort au bruit des vagues et se réveille aux chants du rossignol, et à qui le rossignol et les vagues répètent dans leur doux langage un éternel refrain de joie et d'amour, et traduisent dans leur musique divine les paroles du Seigneur : « A toi, ma bien-aimée, mes plus riches tapis de verdure et de fleurs ; à toi mon plus beau pavillon d'or et d'azur ; à toi mes sources les plus limpides et les plus fraîches ; à toi mes parfums les plus suaves et les plus purs ; à toi mes trésors d'harmonie ; à toi mes torrents de lumière. » Hélas ! pourquoi faut-il que l'homme, cet esclave envieux et stérile, s'attache à détruire partout l'oeuvre de Dieu ; pourquoi tout paradis terrestre doit-il cacher un serpent. »

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