Dans la mythologie grecque, Parthénope est une sirène dont le destin est lié à celui de Naples. De L'Odyssée d'Homère à la Géographie de Strabon en passant par l'Alexandra de Lycophron, les sources sont nombreuses et parfois divergentes : cet article en propose une synthèse, fondée sur les éléments les plus fréquemment rencontrés.
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Les Sirènes
Des monstres mi-femmes mi-oiseaux
Les Sirènes naquirent de l'union du Dieu-Fleuve Acheloos et d'une muse : selon les versions, Terpsichore (muse de la Danse et Poésie légère), Melpomène (muse du Chant, de l'Harmonie musicale et de la Tragédie) ou Calliope (muse de la Poésie épique et de l'Éloquence).
Suivantes de Perséphone (Proserpine pour les Romains), fille de la déesse des moissons et de l'agriculture Déméter, elles n'empêchèrent pas le dieu des enfers Hadès d'enlever leur maîtresse. Pour les punir, Déméter les changea en monstres, mi-femmes, mi-oiseaux (la sirène femme-poisson est une image médiévale, et non antique). Elles prirent alors la mauvaise habitude, sans que l'on sache bien pourquoi, d'attirer les marins avec leurs voix et leur musique enchanteresses pour les faire s'échouer : leur nom est là pour le rappeler, car il dériverait du phénicien sir signifiant « chant ».
Trois soeurs
Le plus souvent citées au nombre de trois, les Sirènes portent des noms qui varient. Parmi ceux-ci figurent en bonne place ceux de Leucosie (la blanche, du grec leuco), Ligée (à la voix claire, du grec ligeia) et enfin Parthénope.
Le nom de Parthénope renvoie manifestement à la virginité - du grec parthenos -, mais aussi peut-être à la voix elle-même : comme l'indique Jean-Noël Schifano, le mot grec opis signifie l'ouverture (par laquelle on entend, on voit...), et Parthénope deviendrait donc « celle qui a une voix virginale, de jeune fille ». Des trois Sirènes, seule Parthénope chantait donc, pendant que ses sœurs jouaient de la flûte et de la cithare (de nombreux vases grecs les représentent ainsi).
Parthénope et Naples
Des sirènes desespérées
Tout allait bien pour Parthénope et ses sœurs : elles résidaient au sud de la péninsule sorrentine, sur les charmantes petites îles Galli au « rivage tout blanchi d'ossements et de débris humains, dont les chairs se corrompaient » (Homère, chant XII de L'Odyssée). Mais c'était sans compter sur l'ingénieux Ulysse : passant devant leurs rochers, il parvient à leur échapper en demandant à son équipage de se boucher les oreilles avec de la cire et en s'attachant lui-même au mât de son navire.
De désespoir et d'humiliation, les Sirènes se précipitèrent à la mer et s'y noyèrent. Leurs corps s'échouèrent sur le rivage, près de Terina en Calabre (l'actuelle Lamezia Terme) pour Ligée, sur l'île de Licosa au sud de Paestum pour Leucosie, et enfin prés de Naples pour Parthénope.
Une divinité napolitaine
Ce mythe fit de la péninsule sorrentine la terre des Sirènes : un temple aujourd'hui disparu s'y élevait, sans doute entre Massa Lubrense et la côte, en l'honneur de Parthénope et de ses sœurs.
Concernant Naples elle-même, la tradition veut que ses habitants élevèrent à Parthénope un tombeau et l'honorèrent, faisant d'elle une figure tutélaire de la ville. Son nom fut même donnée selon certains auteurs à l'une des deux colonies grecques fondatrices de Naples (Parthénope est l'autre nom de Palaepolis), et Naples est elle-même encore aujourd'hui surnommée la cité parthénopéenne.
La symbolique de Parthénope pour Naples est particulièrement forte : virginité, chant, mort... Naples est bien une ville-sirène, qui attire à elle les voyageurs, les séduisant et les horrifiant tout à la fois.
On pourra noter également qu'Acheloos, père de Parthénope, combattit Hercule après s'être transformé en taureau : le héros le battit, et lui arracha une corne qui devint la célèbre corne d'abondance, autre symbole qui peut nous évoquer la fameuse richesse de la Campanie.
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