En 1949, Malaparte enfile ses habits de chroniqueur littéraire pour nous narrer des épisodes qu'il a - ou aurait - vécus à la fin de la 2ème Guerre Mondiale, entre le débarquement allié à Salerne le 9 septembre 1943 et la mort de Mussolini le 28 avril 1945. Officier de liaison italien pour le compte des Alliés, Malaparte vit cette période en partie à Naples, qui est la première grande ville libérée en Europe. Cette expérience donnera La Peau, l'une de ses œuvres majeures aux côtés de Kaputt publié six ans plus tôt.
La Peau fait partie des livres qu'il est difficile de décrire. À caractère autobiographique, les épisodes racontés se déroulent pour la plupart à Naples, dont celui de la fameuse éruption du Vésuve en mars 1944, derniers soubresauts du géant endormi depuis. Ce n'est pas pour autant un livre sur Naples, mais un livre à Naples : symbole d'une Europe vaincue et humiliée face à la jeune et ingénue Amérique victorieuse, la ville offre un décor saisissant aux thèmes essentiels de Malaparte : honte, pitié, dégoût, humiliation…
La Peau est un livre tragique et dur, et le serait sans doute trop si un humour féroce - rappelant par moment celui de Céline dont Malaparte est l'exact contemporain - n'offrait un contrepoint baroque au propos. Servi par une langue sublime et une science littéraire unique, c'est l'une des grande œuvres du 20ème siècle, de celles que l'on a envie de recommencer une fois achevée.
Aucun commentaire sur cet article