Avant d'être écrivain, Blaise Cendras (de son vrai nom Frédéric Louis Sauser, 1887-1961) fut un voyageur et un aventurier qui parcourut le monde. Il écrit « Bourlinguer » en 1948, qui prend place dans ses mémoires aux côtés de « L'Homme foudroyé » (1945), « La Main coupée » (1946) et « Le Lotissement du ciel » (1949). Construit en onze chapitre de longueur et d'importance très inégales, l'auteur nous y livre le récit autobiographique, largement romancé, de tranches de vie attachées au souvenir de différentes villes et ports : Venise, Naples, La Corogne, Bordeaux, Brest, Toulon, Anvers, Gênes, Rotterdam, Hambourg, Paris Port-de-mer.
Étonnamment, ne cherchez pas la part napolitaine du récit dans le court chapitre d'à peine huit pages Naples, qui ne s'intéresse qu'à la traversée d'Alexandrie vers l'Italie que fit l'auteur dans son enfance. C'est vers celui de Gênes qu'il faut vous tourner : chapitre central et culminant de l'œuvre, il se déroule en grande partie à Naples, où Blaise Cendrars retourne adulte et se remémore sa petite enfance avant d'embarquer vers Gênes sur un bateau de contre-bande d'alcool.
Blaise Cendrars passa en effet une partie de son enfance à Naples, entre 1894 et 1896, sur les pentes du Vomero, quartier alors encore populaire, campagnard et peu urbanisé, avant son lotissement - soi-disant imaginé par son père. Proche de la maison familiale, enclave dans le quartier, la tombe de Virgile joue un rôle de repère, devenue comme sacré par la mort qui trouve l'amour d'enfance du petit Blaise, Elena. Mais la narration est surtout l'occasion de nous livrer une succession de tableaux vivants, parfois truculents, tels ceux des homuncules de Kueffstein et du Roi lépreux de la Calade.
Plus que découvrir Naples, lire « Bourlinguer » est l'occasion de (re)faire connaissance avec un grand auteur français du 20ème siècle, peu lu de nos jours.
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