En 1786, Goethe a 37 ans. Célèbre depuis longtemps - l'immense succès des Souffrances du jenue Werther remonte à 1774 -, il a été anobli et joue un rôle politique à la cour de Weimar. Pourtant, fidèle à sa réputation de vagabondage qui lui a valu le surnom de Wanderer (« Voyageur »), une pulsion le pousse à s'enfuir soudainement le 3 septembre 1786, sans même prévenir ses amis, pour prendre la direction de l'Italie. Il y passera près d'un an et demi, jusqu'en avril 1788, parcourant la péninsule du Nord au Sud de Vérone à la Sicile, en passant par Venise, Rome et Naples. L'abondante correspondance qu'il tient lors de ce périple est publiée en 1816-1817 pour donner son Voyage en Italie.
Sur la route de la Sicile, Goethe passe quelques semaines à Naples en 1787, du 25 février au 29 mars puis du 17 mai au 3 juin. Cette expérience n'occupe q'une petite centaine de pages sur les quelque 600 de l'ouvrage (dans la récente publication aux éditions Omnia), mais s'avère doublement intéressante, d'une part pour découvrir le regard d'un voyageur du 18ème siècle sur la ville et sa région, d'autre part pour faire connaissance avec l'homme que fut Goethe. On l'y découvre d'un grand éclectisme, tour à tour écrivain, poète, homme du monde, géologue, botaniste... Tel Ulysse - sujet littéraire qui l'occupe alors - il prépare son retour, en amassant des souvenirs et en s'adjoignant les services de peintres pour garder traces de ses pérégrinations.
S'il porte des analyses pénétrantes sur le monde qui l'entoure, à l'image de celle qu'il fait du petit peuple napolitain, il ne cherche pas à faire un récit de son voyage à l'usage de futurs touristes (contrairement à un Sade par exemple) : son propos reste très personnel et marqué par sa vision du monde qui, en bon classiciste, lui fait par exemple ignorer la Naples gothique. Comme avec Chateaubriand, lisez donc ce Voyage en Italie avant tout pour son auteur !
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