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Masaniello

Masaniello - Par Onofrio Palumbo Masaniello - Par Micco Spadaro Masaniello - Plaque naissance Masaniello - Plaque mort

Entre légende et réalité, la figure de Masaniello est l'une des plus importantes de la culture napolitaine, aux côtés de celles de San Gennaro et Pulcinella. Sa célébrité est attachée au rôle de premier plan qu'il joua dans la grande révolte de 1647.

Un Napolitain du quartier du Mercato

Fils d'un père pêcheur et d'une mère ménagère, Tommaso Aniello d'Amalfi, surnommé par contraction Masaniello, naît le 29 juin 1620 dans une maison du Vico Rotto al Mercato, une ruelle proche de la piazza Mercato (et non à Amalfi comme peut le laisser penser son nom). piazza-mercato-micco-spadaro-1033.jpgReprenant le métier de son père, il vit chichement, tentant d'échapper aux impôts sur les marchandises en livrant directement la noblesse napolitaine, qui le traite en retour comme un esclave quand il n'est pas pris en flagrant délit et jeté en prison. Masaniello acquiert ainsi une solide réputation de contrebandier dans son quartier, tout en gardant une rancune tenace contre les nobles.

Sa femme Bernardina Pisa, qu'il a épousée en 1641, se retrouve elle aussi en prison pour contrebande de farine, condamnée à une peine importante. Pour la libérer, Masaniello doit payer une somme qui l'oblige à s'endetter : pour certains, cet épisode aurait joué un rôle important dans sa détermination à prendre la tête de la révolte qui va bientôt enflammer Naples.

Le pêcheur devenu roi de Naples

Le 7 juillet 1647, une grande révolte éclate à Naples lorsque la vice-royauté espagnole décide de mettre en place de nouvelles taxes sur les produits de base. Masaniello y participe dès le début, pour en devenir bientôt le meneur incontesté, revolte-de-masaniello-piazza-del-mercato-1009.jpgtraitant directement avec le vice-roi et imposant sa loi à la noblesse : le pêcheur est devenu roi de Naples, sans sembler rechercher le pouvoir mais le bien collectif, suivi aveuglément par le petit peuple qu'il délivre des nouvelles impositions.

Mais son comportement devient bientôt incohérent, arbitraire et autoritaire, amenant certains à le tenir pour fou : trahi par les siens avec la complicité du vice-roi, il est abattu le 16 juillet de plusieurs coups d'arquebuses. Son corps décapité est traîné par les rues et jeté dans une fosse commune, tandis que sa tête est présentée au vice-roi comme preuve de sa mort.

Pour en savoir plus sur cet épisode, vous pouvez consulter ici l'article sur la révolte de 1647.

La postérité

A la mort de Masaniello, la remise en cause des acquis de la révolte par la vice-royauté amène les Napolitains à regretter leur défunt meneur. santa-maria-del-carmine-nef-1040.jpgSon corps et sa tête sont récupérés et réunis, et des funérailles sont exigées : devant la pression populaire, le pouvoir espagnol et les autorités religieuses ne peuvent se dérober et prennent donc part à l'enterrement qui a lieu dans la basilique de Santa Maria del Carmine, après une fervente célébration populaire. Mais même mort, Masaniello continue à effrayer le pouvoir : ses restes sont définitivement dispersés en 1799 par Ferdinand IV de Bourbon après le bref expérience de la République parthénopéenne, pour effacer toute trace de rebellion contre le pouvoir en place.

Malgré l'aura de Masaniello, les membres de sa famille qui lui survivent doivent fuir à Gaëte. Sa femme Bernardina revient plus tard à Naples, mais pour vivre dans la plus grande pauvreté, obligée de se prostituer jusqu'à sa mort durant la grande peste qui frappa Naples en 1656.

masaniello-par-micco-spadaro-1041.jpgLoin de cette tragédie, Masaniello devient de son côté l'une des figures principales de la culture napolitaine, comme un symbole évident dans lequel le peuple napolitain se retrouve, autorisant par son exemple tous les renversements. Sa figure et sa révolte traversent les frontières, exploitées parfois - comme en France - à des visées anti-espagnoles, et deviennent l'objets d'oeuvres littéraires et artistiques. Parmi celles-ci, l'opéra du français Daniel Auber La Muette de Portici tient une place à part : il joua un rôle indéniable dans le déclenchement de la révolution qui conduisit à la création de la Belgique en 1830, tel une réplique lointaine et aboutie du séisme de la révolte napolitaine de 1647.

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