Réalisé en 1954 par Vittorio De Sica, « L'Oro di Napoli » (« L'Or de Naples » en français ) est sans doute le film le plus célèbre tourné à et sur Naples. Il se compose de six scénettes, inspirées de nouvelles de l'auteur napolitain Giuseppe Marotta, dans lesquelles interviennent quelques gloires napolitaines, de Sophia Loren à Totò en passant par Eduardo de Filippo...
« Il guappo » (Le caïd)
Dans ce premier épisode, l'inénarrable Totò est un clown et musicien ambulant dont la vie est dévenue un véritable enfer : sa famille a été prise en affection par le parrain local, qui se considère chez lui dans son appartement. Heureusement, un problème de santé du caïd va bientôt lui donner l'occasion de s'émanciper.
Cet épisode montre en quelques instants l'étendue du génie de Totò, qui allie à son talent comique naturel une étonnante prestance (que le ridicule de son personnage ne masque pas mais fait au contraire ressortir) : quelques pas de danse esquissés, un regard torve, une chanson napolitaine (Totò en a composé plusieurs dizaines, dont la célèbre Malafemmena) : tout est dit !
« Pizze a credito » (Pizzas a crédit)
Une belle pizzaiola, incarnée par la toute jeune Sofia Loren, fait ici croire à son mari que son alliance est tombée dans la pâte d'une pizza - alors qu'elle l'a laissée par mégarde à son amant. 
S'en suivent des tribulations dans tout le quartier à la recherche des pizzas cuites dans la journée...
Sachez que cet épisode, sans doute le plus célèbre du film, a fait la célébrité de la fameuse pizzeria Starita, dont l'emplacement sert de cadre au petit local où officie la très séduisante pizzaiola. Et il est vrai que Sofia Loren est assez inoubliable, d'une étrange et désinvolte beauté, et d'une prestance que souligne sa simplicité (qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle de Totò dans l'épisode précédent - est-ce la noblesse naturelle du Napolitain dans sa pauvreté...?)
« Il funeralino » (Les petites funérailles)
Le spectateur suit ici une procession funéraire, emmenée par une mère qui va enterrer son enfant. C'est sans doute l'épisode le plus faible du film, même si tout un pan de la vie (et de la mort) à Naples s'y donne à voir avec réalisme ; il ne fut d'ailleurs pas retenu initialement au montage pour la sortie du film.
« I giocatori » (Les joueurs)
Cet hilarant épisode a pour personnage principal le comte Prospero, incarné par Vittorio De Sica lui-même, tiré à quatre épingles mais surtout joueur invétéré : mis sous tutelle par sa femme et incapable de soudoyer son majordome, le comte ne peut plus jouer aux cartes qu'avec le fils du concierge de son palazzo, qui le ridiculise jour après jour.
Cet épisode nous permet de rappeler une histoire bien peu connue : le petit garçon qui humilie le malheureux comte (et dont la prestation fut saluée par la critique, même si ce fut sa seule expérience cinématographique) s'appelle Pietro Bilancione - dit Pierino. Et ce nom vous dira peut-être quelque chose : en effet, Pierino ouvrit en 1977 avec son frère la fameuse gelateria qui porte son nom sur le Pausilippe !
« Teresa » (Thérèse)
Teresa est une prostituée jouée par Anna Magnani qui pense avoir trouvé l'amour, et une situation, grâce à un homme qui l'a remarquée dans la rue. Mais une fois mariée, elle se rend bien vite compte qu'elle est le jouet d'un étrange plan, qui la met face à un dilemme, entre honneur et conditions de vie.
« Il professore » (le professeur)
Don Ersilio Miccio vend sa sagesse à la population de son quartier, prodigant ses conseils contre monnaie sonnante et trébuchante. Incarné par le grand Eduardo De Filippo, le professeur va trouver une solution originale pour remettre dans le droit chemin le bien peu respectueux noble du quartier.
Cet épisode clôt le film, mettant ainsi en miroir les figures de Totò et d'Eduardo De Filippo comme pour rappeler leur amitié et la place toute particulière - la première sans aucun doute - qu'ils jouèrent sur la scène artistique napolitaine du 20ème siècle : rien que pour eux, regardez l'Oro di Napoli !
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