Un précurseur de l'art urbain
Ernest Pignon-Ernest est un artiste plasticien français, né à Nice en 1942. Considéré comme l'un des pionniers de l'« art urbain », son œuvre procède depuis 1966 par intervention dans des lieux choisis pour leur signification, évidente ou implicite, qu'il marque de dessins éphémères – pour la plupart des pochoirs ou sérigraphies de personnages en taille réelle. Cette modalité d'expression tire son origine de son incapacité à exprimer le sens et la force symbolique des sujets qu'il souhaite traiter en utilisant les formes habituelles de la peinture.
Ce constat s'impose à lui lors de l'installation de la force de frappe nucléaire française sur le plateau d'Albion en Provence au milieu des années 1960 (la mort envahissait alors l'un des plus beaux paysages du monde) : déclencheur de son œuvre, ce sujet l'amène à marquer ce territoire de la célèbre image de l'ombre d'un homme et d'une échelle imprimés sur un mur à Hiroshima par l'éclair atomique.
Fondé sur un important travail préparatoire, son travail cherche à « stigmatiser » les lieux, pour en densifier le sens et en révéler la portée symbolique, en s'y inscrivant pleinement (contrairement à de nombreuses œuvres de « Street Art » dont Ernest Pignon-Ernest se démarque). Parmi ses interventions les plus connues figurent son dessin de Rimbaud dont il colle de nombreux exemplaires à Charleville-Mézières et Paris en 1978, et celles qu'il effectua à Naples entre 1988 et 1995.
Ernest Pignon-Ernest à Naples
Entre 1988 et 1995, Ernest Pignon-Ernest travaille en effet à Naples, dont les innombrables strates historiques et les drames qui s'y jouèrent composent un matériau idéal pour ses interventions. Comme une évidence, la plupart de ses œuvres s'y déploie autour du thème de la mort, s'inspirant notamment de Caravage et de ses successeurs. Il colle ses dessins éphémères le plus souvent la nuit du vendredi saint (ses interventions se déroulent de nuit pour permettre la découverte de l'œuvre le lendemain), sans que les Napolitains ne sachent pendant longtemps qui en est l'auteur. S'il n'est plus possible de découvrir ces œuvres in situ, les photographies existantes témoignent de leur singulière force expressive et de leur remarquable articulation avec le lieu où elles s'impriment.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site officiel d'Ernest Pignon-Ernest, ainsi que cette galerie photos d'Alain Volut sur les interventions d'Ernest Pignon-Ernest à Naples. Le livre « Labyrinthe des sentiments » de Tahar Ben Jelloun rend par ailleurs hommage à l'artiste, en le faisant intervenir dans le récit et en illustrant le texte de certains de ses croquis réalisés à Naples.
Aucun commentaire sur cet article